La majorité municipale de Montgeron a proposé de voter la motion ci-jointe qui demande dans le dernier paragraphe à l’État d'intervenir pour bloquer le rachat de Suez par Veolia (ex Compagnie générale des eaux).

Montgeron en Commun n'a pas voté cette motion même si nous partageons l'inquiétude des salariés de Suez pour leur emploi. La délégation de service qui lie Montgeron à Suez arrive à échéance dans deux ans. La mise sur pied d'une régie publique de l'eau est un travail de plusieurs années. C'est aujourd'hui que les choses doivent se décider : continuer à payer les dividendes des actionnaires de Suez ou créer une régie et éloigner la gestion de l'eau des appétits des multinationales. C'est le sens de notre prise de position.

Voici notre intervention:

Madame la maire, mesdames et messieurs les conseillers, Nous avons proposé pour cette motion un amendement - j'y reviens- qui nous aurait permis de la voter et ce malgré un certain nombre de formulations qui nous semblent ... noyer le poisson. Le début nous convient bien qui rappelle l' « inquiétude pour les salariés de ces groupes qui vont entendre parler de synergie avec le risque in fine de suppression d’emplois. Ces milliers de femmes et d’hommes ne doivent pas être la variable d’ajustement ». Oui, nous partageons ces inquiétudes qui sont le lot tous les jours de dizaines de milliers de salariés qui subissent des décisions auxquels ils ne sont pas associés.

La façon dont la motion est rédigée présente Suez comme la cible sans défense d'une attaque. Il faut quand même rappeler qu'il y a seulement une semaine, Suez a annoncé à ces actionnaires - pour les garder - vouloir verser 2 milliards de dividendes d'ici 2022. Un pactole payé par le montgeronnais dès qu'il ouvre le robinet. C’est donc une délégation de service qui coûte cher à l’usager sans profiter aux salariés de Suez. C'est certainement le premier point a rappeler quand on parle de gestion de l'eau à Montgeron. Car quand vous écrivez « une telle fusion concerne notre ville car elle aura des incidences sur la gestion du service public de l’eau >>, - vous parlez au futur- , il convient aussi de rappeler l’état existant, au présent. Le choix d'une délégation à Suez ou à Véolia induit déjà un renchérissement du coût de l'eau que payent les montgeronnais. Les évaluations de ce renchérissement existent. Les études parlent pour les villes de plus de 10 000 habitant d'au moins 10 % pour la seule distribution de l’eau potable.

Vous écrivez « Depuis des décennies, les collectivités gèrent leur eau en régie ou par délégation et le modèle fonctionne en l'état ». Merci d’abord de rappeler de fait que le fonctionnement en régie est viable.

Mais il faut alors en tirer les conclusions et se demander pourquoi continuer à payer les dividendes de Suez ou de l’ex-Compagnie générale des eaux ?

Nous pensons qu’il faut travailler à une reprise en régie de notre eau et à la création d'un pole public national qui développe les outils, les méthodes, la recherche, mutualise les expériences et forme les personnels à des métiers dont la technicité a beaucoup progressé ces dernières décennies .

Marcher dans cette direction est le meilleur moyen de contribuer à soustraire l’eau, notre bien commun le plus précieux comme vous le rappelez, aux appétits des financiers. C'est aussi le moyen de faire baisser le prix de l’eau pour les usagers. La création d’une régie, c'est aussi la meilleure façon d'offrir des perspectives d’emplois aux salariés de l’eau qui travaillent dans ces grands groupes, à commencer par ceux de Montgeron. [ Les salariés de Suez ne sont pas dupes des enjeux financiers qui gouvernent aussi leur objectifs professionnels, leurs méthodes de travail et rabotent leurs salaires. Ils n'ont pas besoin de larmes de crocodile versées sur l’apparition de monopole capitaliste, aboutissement logique d’un système qui prône la concurrence libre et non faussée. D'ailleurs Suez, leur entreprise, a été elle-même l’instrument de la privatisation du gazier GDF pour préparer le marché privé de l'énergie ](non dit en séance).
Créer une régie, c'est aussi le moyen d'intervenir d’une façon directe sur des problèmes environnementaux, d'avoir un discours ciblé en direction des usagers, le moyen peut-être aussi d'introduire la gratuité des premiers mètre cube d’eau consommée pour l’usager et à contrario le renchérissement du prix lors du dépassement d'une consommation normale, bref d'être pro-actif sur le terrain environnemental et la responsabilisation de l'usager.

Nous proposions donc d'introduire à la fin de l'avant dernier paragraphe la phrase suivante: "La meilleure façon d'éviter cela dans le futur (les batailles capitalistiques - ndlr) est d'organiser un retour de sa gestion dans un cadre strictement public." Et de poursuivre par "D'ici là, les élus affirment par la présente motion..." . Nous aurions alors voter la motion. Mais votre objectif est différent. Il est d'abord de protéger le système en place dont vous dites qu'il fonctionne. Cela dépend de quel coté on se place. Vous évoquez " la liberté de choix des collectivités entre délégataires" mais pour nous la liberté fondamentale de choix n'est pas entre deux délégataires mais entre la régie publique et la délégation. En l'état la motion n'offre aucune perspective concrètes aux salariés de Suez, ni ne protège la gestion de l'eau de la prédation capitaliste. La motion vise d'abord le maintien du système. Nous nous abstiendrons par conséquent et préférons expliquer de vive voix notre position aux salariés de Suez-Montgeron. Merci de votre attention."