Hier soir se tenait le Conseil Communautaire de l'Agglomération, avec le groupe du rassemblement des élus de gauche et écologistes, nous avons notamment défendu notre vision du service public.Concernant le rapport d'activités 2019 du délégataire pour le cinéma Paradisio à Yerres : Si nous constatons avec tristesse la baisse de fréquentation de nos cinémas, nous nous exprimons ici au sujet du rapport d'activités 2019 d'ADCI qui semble montrer un respect du cahier des charges de cette Délégation de Service Publique, sans grande ambition néanmoins. Des données sur l’origine géographique et l’âge des spectateurs du cinéma Paradisio seraient intéressantes à analyser.

Nous saisissons l’opportunité de cette délibération pour rappeler notre attachement au fonctionnement en régie publique du Cyrano, cinéma d’arts et essais du territoire, nous remercions l’ancienne directrice Sonia Brun pour tout ce qu’elle a accompli, qui a suscité bien des vocations cinématographiques et souhaitons la bienvenue à la nouvelle directrice, Audrey Bouric. Nous sommes en 2020 et l’ensemble du secteur culturel souffre de la crise sanitaire qui a de lourdes conséquences économiques et sociales.

Il nous est demandé aujourd’hui est de nous exprimer sur le rapport d’activités 2019 de la Sothevy qui a remporté une délégation de service de 5 ans d'exploitation des salles de l'agglomération et dont c’était la première année d’exercice et c’est bien uniquement sur ce sujet que nous nous prononcerons.

Ce rapport d’activités 2019 montre selon nous toutes les limites de la Délégation de Services Publics dans le domaine culturel.

Ce qui marque dans le rapport d’activités de la Sothevy, c’est la profusion de tableaux sans analyse et c’est l’absence d’ambition affichée pour le spectacle vivant sur notre territoire. La Sothevy semble davantage rendre compte de la vente de loisirs comme des biens de consommation, que répondre à des missions de service public et rendre accessible une offre culturelle de qualité. Le rapport 2019 tente de convaincre par la répétition des chiffres d’une pertinence économique qui n’est pourtant pas démontrée et révèle de manière flagrante la déconnexion avec les préoccupations culturelles et sociales de chaque territoire.

Économiquement.

Le budget est d’environ 2,7 millions d’euros et la subvention publique versée par notre agglomération est de plus de 1,189 millions d’euros. Les achats de spectacles représentent plus d’1 millions d’euros et les charges liées aux spectacle plus de 688 Keuros. Cela est bien supérieur à ce qui était prévu dans le compte d’exploitation prévisionnel. Alors même qu’elle semble être recherchée par spectacle, la rentabilité économique n’est pas au rendez-vous du fait d’une politique d’achats très contestable. Le choix de gestion de la Sothevy semble privilégier une politique d’achats de spectacles onéreux associés à des frais annexes élevés qui ne soutient pas la création artistique mais vient en renfort à des productions 100% privées de l’industrie de divertissement. L’activité « spectacles » est déficitaire de 300 Keuros : 13 spectacles seulement sont bénéficiaires et 61 déficitaires. En analysant ce bilan, on s'aperçoit que les plus déficitaires appartiennent pour la majeure partie à cette catégorie :

Par exemple David Hallyday : - 18 917 €, Vital : - 17020 €, Patrick Fiori : - 14220 €, Christophe Wilhem : - 10770 €, Émilie Jolie : - 11840 €, Nolwen Leroy : - 5275 € . Et que dire de ces programmations qui sont de pâles copies d originaux, et qui sont tout aussi ruineux : Goldmen : - 9529 €, Abbamania : - 11518 €,  Birkin-Gainsbourg : - 13257 €

Est-il logique que l'argent public servent à financer de grosses productions de variétés ?
Les abonnements souscrits baissent pour la 2ème année consécutive et aucune analyse n’en est faite. La politique d’abonnement et sa lisibilité ne sont pas questionnées. La fréquentation baisse également de 92 % à 87 % malgré des taux de remplissage artificiellement dopés par le fait que les billets sont bradés 48 heures avant les spectacles pour faire du chiffre. La raison avancée pour cette baisse n’est pas recevable (augmentation de la jauge) et aucune autre analyse pertinente ne vient l’étayer. Quelle analyse sur la grille tarifaire et les prix prohibitifs des spectacles ? Nous contestons les choix de gestion de la Sothevy pour leurs conséquences politiques, culturelles et sociales sans même qu’il en soit démontré un avantage économique.

Culturellement

Dans ce rapport, la programmation n’est pas défendue comme un tout mais comme une juxtaposition de produits , dont on rend compte uniquement financièrement : quid de l’artistique, de l’humain, de la rencontre qui se sont passées ces soirées là sur le Val d’Yerres Val de Seine ? Qu’est ce qui a plu, moins plu, déçu, fait débat, surpris ? Comment se remplissent les missions de service public ? Ce rapport d’activités répond très partiellement à cette question à compter de la page 71 s’agissant d’ Éducation Artistique et Culturelle et encore, on reste sur sa faim en termes de narratif sur le projet. Quel est l’objectif visé ? Donner à une minorité de personnes privilégiées économiquement et habituée des salles de spectacle ce qu’elle attend ? Partager des grands noms, du vu à la télé ? Faire découvrir de nouvelles propositions artistiques ? Quelle position vis à vis du soutien à la création contemporaine ?

Socialement .

Quelle analyse de la diversité du public ? Des données sur l’origine géographique des spectateurs/trices, leur âge et leur catégorie socio-professionnelle seraient intéressantes. Il y a quelques actions pédagogiques et partenariats avec les services éducation, jeunesse et les conservatoires qui sont décrites à partir de la page 71 mais cela semble bien modeste au regard des potentialités du territoire. Quelles sont les actions sont mises en place pour aller vers de nouveaux publics, plus éloignés des lieux de culture ? Plutôt que de brader des spectacles au dernier moment, ne serait-il par exemple pas pertinent de réserver quelques places à attribuer via les centres sociaux ? En conclusion : Sur la forme, ce rapport d’activités 2019 est très axé sur le quantitatif. Il manque d’analyses et de perspectives. Sur le fond, cette première année d’activités du nouveau contrat de 5 ans met en évidence le manque de diversité de l’offre culturelle, le manque de soutien à la création artistique , des prix trop élevés et un déficit d’actions à destination des publics les plus éloignés de la culture. Une programmation moins onéreuse et plus créative (avec des productions issues de compagnies soutenues par les pouvoirs publics notamment) permettrait à la fois des tarifs plus abordables pour tous et d’avoir les moyens humains d’un meilleur ancrage territorial afin d’aller vers les publics les plus éloignés.