Francois Durovray a confirmé aux repésentants des parents d'élèves et aux directeurs-trices des écoles son intention de reporter l'application de la réforme des rythmes scolaires à 2015. Il engage ainsi un bras de fer avec l'académie qui, suite au non retour du projet d'application montgeronnais, appliquera dès la rentrée 2014 les horaires prévus par défaut pour le département de l'Essonne, comme l'a rappelé l'inspectrice d'académie à cette même réunion. François Durovray fait appel au soutien des parents sous forme d'une lettre pétition envoyée à tous les parents d'enfant scolarisé pour soutenir la décision de la municipalité afin d'assurer la réussite de son application en 2015. Notre première question est: qu'est-ce qu'une mise en application réussie de la réforme ? Que pouvons nous espérer ?

Une remise en perspective. La réforme des rythmes rajoute de l'inégalité.

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En 2008, l’UMP a réduit le temps d’enseignement devant les élèves de 27 à 24 heures pour instaurer une aide personnalisée en petit groupe dispensée par les enseignants, mais a dans le même temps supprimé des postes d’enseignants RASED, enseignants spécialisés dans la difficulté scolaire. Mesurons l'ampleur d'une telle mesure: on a ôté sur toute la scolarité maternelle et élémentaire 1/8 du temps scolaire à l'enfant, c'est à dire plus d' 1 an d'apprentissage. De fait, les programmes scolaires sont devenus plus denses, pénalisant les élèves les moins familiers avec les apprentissages scolaires.

Le gouvernement Ayrault n'est pas revenu sur cette réduction horaire. Réintroduire les trois heures supprimées,  dans le cadre de l’éducation nationale, aurait permis aux enseignants de réinvestir les pratiques pédagogiques*, clés pour déconstruire les mécanismes de l’échec scolaire*, car on sait aujourd'hui que tous les enfants sont capables d’apprendre.*

Au contraire de cela, la réforme Peillon a prévu un ré-étalement des 24H de cours sur 9 demi journées (cours 5 matinées et 4 après-midi ) pour faire "mieux coïncider les temps d’éveil de l'enfant et les horaires d'enseignement" en laissant croire que ceci participerait de la lutte contre l’échec scolaire. Il a adjoint trois heures d'activités périscolaires (AP) à répartir d'une façon homogène sur la semaine. Ces trois heures sont à la charge des municipalités.

Ce transfert vers les municipalités va amplifier les inégalités territoriales. Et en focalisant le débat sur le périscolaire, la réforme nous a éloigné de la question primordiale : comment redonner du temps à l’école et aux enseignants pour s’attaquer aux mécanismes de l’échec scolaire.[quelques 150 000 enfants quittent l'école sans diplôme chaque année]

Récemment, l’assouplissement de la réforme par le nouveau ministre B. Hamon, a ouvert la possibilité dans un cadre expérimental de regrouper les trois heures d'activités périscolaires sur une même demi-journée.

Il serait pourtant illusoire de penser que trois heures d'activités périscolaires puissent remplacer trois heures d'enseignement. Si les activités périscolaires peuvent compléter les apprentissages scolaires, il y a entre eux la même différence qu'entre mélanger les ingrédients pour faire un gâteau et savoir, que si on veut faire un gâteau plus grand, il faut respecter les règles de proportionnalité des ingrédients.

De fait, quelque soit la mise en œuvre choisie, les enfants ont perdu plus d'1 an d'enseignement depuis cette réduction horaire et ce sont naturellement les enfants déjà en difficulté qui en pâtissent le plus.

Les élus du Front de Gauche continueront de plaider pour une remise à plat de cette réforme. Une véritable refondation de l’école doit donner plus de temps à l'école.

Amoindrir les inégalités: quelles contraintes à Montgeron ?

In fine la territorialisation de 3 heures de temps éducatif renvoit chaque commune à ses capacités de financement. Dans ce cadre imposé comment pouvons nous tirer vers le haut  l'application du décret à Montgeron ?

1. Donner un véritable contenu aux activités périscolaires (AP), et ne pas se contenter de garderie.

La réforme Peillon prévoyait d’étaler les trois heures d'AP sur les quatre jours, interprétant d'une façon assez dogmatique la notion de régularité et continuité mis en avant par certains chrono-biologistes, avec pour conséquence d'offrir des créneaux de 45mn par jour aux AP. Mais plusieurs problèmes pratiques se sont fait jour:

  • Ce temps ne permet pas de commencer une activité sérieuse avec un groupe d'enfants, surtout que les taux minimum d'encadrement des activités périscolaires ont récemment été abaissés de 14 enfants par animateur à 18 (pour les enfants au dessus de 6 ans), de 10 à 14 pour les plus petits.
  • Un créneau court ne permet pas de quitter l'enceinte scolaire. Les enseignants dans leur majorité ne souhaitent pas non plus voir les AP se dérouler dans leur salle de classe (déplacement du mobilier / les petits associent un comportement au lieu qu'ils fréquentent. Or, on ne leur demande pas le même comportement en AP et pendant le temps scolaire. )
  • Par ailleurs le recrutement d'animateurs pour des créneaux horaires si courts sera difficile, il rend aussi la situation du personnel d'animation peu stable.

2. Faire en sorte que tous les élèves profitent de ces activités.

Si les AP sont organisées sur le temps de la pause méridienne ou bien le soir après la classe, tous les élèves ne vont pas les fréquenter, car elles ne sont pas obligatoires. II se trouvera alors des familles pour dire qu'elle ne veulent pas payer pour les autres et qui pousseront la municipalité vers une tarification individuelle.


Ces deux premiers points suggèrent que le regroupement des AP sur un après-midi est plus approprié. Le personnel d'animation pourrait alors "tourner" et travailler avec plusieurs classes, ce qui permettrait aussi d'offrir au personnel un contrat plus stable.

3. Le coût des activités périscolaires doit être pris en charge par la commune, pas directement par les familles.

Le coût de ces activités est important, lié au recrutement d'animateurs qualifiés, aux frais de cantine si le mercredi est retenu, aux frais de transport des enfants pour se rendre aux activités et le rapatriement vers les centre de loisirs après la classe du mercredi si celui-ci est retenu. On peut réaliser une estimation des besoins en personnel:

Montgeron compte 5 groupes scolaires élémentaires regroupant 60 classes. Il y a 4 après-midi disponibles par semaine, 15 classes (=60/4) devront donc être prises en charge chaque jour. L'encadrement des élèves nécessite pour chaque classe 2 animateurs. 30 animateurs à mi-temps, soit environ 15 postes  équivalents temps plein sont donc nécessaires, un chiffre à comparer à 450, le nombre approximatif d'agent communaux à Montgeron.

Un maire frondeur .... aussi à l'origine des problèmes.

Le maire de Montgeron n'a pas livré lors de la réunion le fond de sa pensée sur la réforme. Il a d'ailleurs affirmé que son avis importait peu, qu'il n'était pas foncièrement contre mais qu'il voulait que cela se fasse dans de bonnes conditions.

Porte parole du groupe UMP au conseil régional d'Ile de France, F. Durovray a accompagné la réduction drastique des effectifs enseignants (-60 000, dont ceux des RASED) pendant le mandat de N. Sarkozy. Les conséquences de ces coupes se font aujourd'hui cruellement ressentir : Le lycée Rosa Parks était récemment en grève pour cause de dotation horaire insuffisante car il n'y a plus d'enseignants à mettre devant les élèves.

La suppression de trois heures de cours (1 an de scolarité) dans les écoles a participé de toutes ces mesures d'économie budgétaire que François Durovray a soutenu et sur lesquelles il faudrait rapidement revenir si l'on veut combattre l'échec scolaire.

Le maire nous propose aujourd'hui de combattre derrière lui pour que demain  une commission qu'il contrôle planche dans la sérénité sur l'organisation des AP, mais sans annoncer ce que le budget municipal pourra supporter. Un chèque en blanc aujourd'hui pour entendre dire demain que c'est trop cher ?

Le contenu des AP n'est pas aujourd'hui prêt car le planning hebdomadaire résultant des discussions menées l'an dernier ne permettait pas non plus d'envisager des AP avec un contenu exigeant - les créneaux étant étalés sur toute la semaine, conformément à la loi. Il semblerait donc raisonnable de se donner un an pour profiter du nouveau décret permettant le regroupement sur une demi-journée des AP. Cela ne fait sens que si la municipalité a vraiment l'intention de faire le choix politique et budgétaire d'AP avec contenu. Jusqu'à aujourd'hui, le maire n'a avancé aucune enveloppe budgétaire.

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Une alternative pourrait être de mettre en application le planning décidé l'an dernier avec des activités périscolaires de type garderie du soir prolongée et de le modifier les années suivantes. Ce planning avait le mérite de prendre en considération un certain nombre de spécificités montgeronnaises notamment la nécessite de deux services à la restauration du midi et donc l'aménagement d'une pause méridienne suffisamment longue. Mais l'académie autorisera -t-elle les années suivantes le regroupement des AP alors que le décret oblige la ville à faire alors une demande dite d'expérimentation ?

L'appel de Durovray aux parents d'élèves n'est pas dénué d'arrière-pensées, du pyromane accompagnant la suppression des heures de cours au pseudo-pompier ferraillant avec l'académie, les parents d'élèves montgeronnais ont de quoi rester perplexes, voire méfiants. Nous sommes pour le moment certains d'une chose: nos enfants ont perdus 1 an de scolarité sur le compte de l'austérité budgétaire.

* Comprendre l’échec scolaire, Stéphane Bonnery, Edition La dispute

** pas d'argent ?? Si ! juste une question de choix politique ! En 2013: 1,72 milliard d'euros ont été ristourné à 16 sociétés du CAC 40 au titre du crédit d’impôt recherche alors même que ces 16  sociétés dégageaient 28 milliards de bénéfices et en reversaient 19 sous forme de dividendesa leurs actionnaires.