Après bien des atermoiements et des annonces contradictoires, le gouvernement a finalement proposé un projet de révision constitutionnelle presque identique à l'avant-projet diffusé il y a quelques jours.

L'état d'urgence serait donc constitutionnalisé ; les mesures d'exception gravées dans le marbre. Cette initiative, hypocritement présentée comme garantissant le meilleur encadrement, vise à banaliser le recours à des mesures de restriction des libertés en leur conférant un fondement constitutionnel.

Les sénatrices et les sénateurs du groupe CRC s'élèvent avec force contre une dérive sécuritaire manifeste qui, et c'est cela le vrai débat, ne répond en rien au légitime désir de sécurité.

De manière surprenante, le projet de loi constitutionnelle comprend la déchéance de la nationalité à laquelle François Hollande et le gouvernement semblaient avoir renoncé.

La constitutionnalisation des mesures exigées depuis longtemps par le Front national est source de division entre deux catégories de citoyens les nationaux et les bi-nationaux. Elle remet en cause le principe du droit du sol.

Elle porte en elle le germe de l'exclusion et du soupçon. Elle est totalement contraire non seulement aux valeurs de gauche, mais surtout aux valeurs républicaines, les vraies, celles de 1789 et de 1793 où la citoyenneté et la nation n'avaient pas de frontière, mais un seul fondement, le progrès, l'égalité entre les hommes.

François Hollande, Manuel Valls et le gouvernement font fausse route. Ils empruntent un mauvais chemin celui du revirement et du repli alors que la lutte contre DAESH exige une République exemplaire, solidaire et fière de ses valeurs.

Billet original sur Senat Groupe CRC