Au lendemain de la victoire de François Hollande à la présidentielle, Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, revient sur les objectifs du Front de gauche: "Obtenir une majorité de gauche à lAssemblée et faire en sorte que le nombre de députés du Front de gauche élus permettent dorienter très clairement cette nouvelle majorité".
La victoire de la gauche a été largement fêtée à la Bastille, y compris par les partisans du Front de gauche. Quelle première appréciation portez-vous sur ce résultat ?
[Olivier Dartigolles]
Olivier Dartigolles. Cest un très grand soulagement. Après cinq années de sarkozysme et dix années de droite, il fallait absolument que la dynamique de gauche, de rassemblement, permette den finir avec une période qui restera certainement comme lune de celle qui aura le plus profondément souillé les valeurs et brutalisé les conditions de vie de pans entiers de la société. Il y avait, hier soir, deux sentiments. Bien sûr, la satisfaction, la joie davoir créé les conditions politiques dune défaite de Sarkozy mais aussi de la gravité. Car la gauche a, aujourdhui, de grandes responsabilités avec, sans doute, un nouveau durcissement à venir à léchelle européenne, et un moment dintense recomposition politique, de bataille idéologique. Le Front de gauche a pris toute sa part et apporté une contribution essentielle à lélection de François Hollande. Hier a été une étape décisive, une condition absolue mais, après avoir gagné, la gauche doit absolument réussir.
Nicolas Sarkozy a été défait hier, quel sens donnez-vous à cette sanction des urnes ?
Olivier Dartigolles. Notre pays était à bout. Il fallait sen débarrasser. Il y a eu, hier soir, un « ouf » de soulagement parce quune majorité de notre peuple a bien compris ce quaurait été un second quinquennat de Sarkozy avec lorientation prise par sa campagne entre les deux tours. Les digues ont totalement lâché entre lUMP et le Front national. Cette extrême droitisation nest pas un simple positionnement électoraliste. La droite entend se servir de la crise et de ses conséquences pour régler définitivement son compte au modèle social, aux garanties collectives et aux valeurs qui leur sont restés en travers de la gorge depuis la Libération. Le paysage à droite reste dailleurs inquiétant. Une tension est palpable dans notre peuple qui sent bien que, si ce coup-ci un changement de majorité ne saccompagne pas dun véritable changement de politique et dune amélioration réelle, concrète, rapide des conditions de vie, la prochaine fois, la droite aura Marine Le Pen dans ses bagages.
Quels défis souvrent devant la gauche ?
Olivier Dartigolles. Une page vient dêtre tournée et un nouveau chapitre souvre. Y est écrit en lettres majuscules lattente dune gauche qui répond aux défis de la période dans un contexte historiquement nouveau. Elle se trouve devant une impérieuse nécessité de réussir une politique de changement en répondant aux préoccupations populaires. Les prochaines semaines seront déterminantes pour vérifier si la gauche parvient à tirer les enseignements des échecs passés et de lespoir daujourdhui.
Pour le Front de gauche, quel est lenjeu de la nouvelle période électorale qui souvre avec les législatives ?
Olivier Dartigolles. Lenjeu est clair : obtenir une majorité de gauche à lAssemblée et faire en sorte que la dynamique de campagne qui sera la notre les prochaines semaines et le nombre de députés du Front de gauche élus permettent dorienter très clairement cette nouvelle majorité vers des propositions, des solutions de sortie de crise. Nos priorités sont celles qui ont dailleurs le plus motivé lélectorat de Jean-Luc Mélenchon : les salaires, lemploi, le pouvoir dachat, la santé, léducation, les services publics, le refus de laustérité généralisée à léchelle européenne, lobtention de nouveaux droits, de nouvelles conquêtes démocratiques et sociales pour les citoyens dans les territoires et pour les salariés dans leur entreprise. Il y a une envie de gauche dans notre pays. Il faut faire sauter les verrous qui empêchent aujourdhui à ces solutions de simposer. Nous devons dans les prochains jours faire comprendre combien le vote Front de gauche sera un vote utile pour toute la gauche mais aussi pour un véritable changement de politique. Lurgence sociale commande que la nouvelle mandature, avec une majorité de gauche à lAssemblée nationale, vote de nouvelles lois permettant dy faire face et nhésite pas à abroger les lois sarkozystes qui ont fait le plus de mal. Donc il nous reste beaucoup de travail.