De Madrid à Lisbonne, où à Athènes et Rome, les salariés, les citoyens se sont mobilisés en fin de semaine dernière contre l’Europe de l’austérité et du chômage. Ce mouvement aura un temps fort le 29 février prochain à l’appel de la Confédération européenne des syndicats. Pour la première fois, cette dernière s’est très nettement prononcée contre les projets de traités européens qu’on tente une nouvelle fois d’imposer aux peuples. Imposés par le couple Sarkozy-Merkel, cachés aux citoyens européens, ils sont une sorte de constitutionnalisation à l’échelle de toute l’Union européenne du scandaleux talon de fer déjà imposé au peuple grec. Après la mise en place de huit plans d’austérité consécutifs, la dette y a augmenté de 25% avec un doublement du chômage. Preuve par l'absurde et d'indicibles douleurs que l’austérité est un poison mortel.

 

Les familles sont saignées à blanc : baisse des retraites, suppression de plus de 15 000 emplois publics, vente des entreprises publiques, diminution de toutes les prestations sociales et médicales, abaissement de 22% du salaire de base et de 32% des rémunérations des jeunes de moins de 25 ans. La misère s'abat sur une population dont la majorité, depuis des années, tirait déjà le diable par la queue, tandis que les grands armateurs, les grandes sociétés privées, la riche Eglise orthodoxe vivent dans l'opulence. Les dépenses d’armement comme l’argent placé dans les paradis fiscaux ne sont pas touchés. Les milieux financiers et le grand capital européen suivent avec attention les capacités de réaction du peuple grec. En effet, de telles dispositions appliqués à notre pays, notamment la réduction des salaires, aboutiraient à un SMIC net à 843€ par mois, tandis qu’un jeune serait rémunéré à 702€ mensuels.

 

Comment tolérer que soit ainsi traitée la nation qui a légué au monde les principes de la démocratie ! Ceux-là mêmes qui sont chaque jour foulés au pied par les institutions européennes. N'ont-elles pas installé à leur tête un représentant de la Banque Goldman-Sachs, exécuteur des ordres d’une junte composée des représentants de la Commission de Bruxelles, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international ? Les marchés financiers estiment bien sûr être mieux servis par eux-mêmes. Pour les Grecs, c'est une toute autre histoire! Il aurait été possible, il est encore possible de faire autrement en permettant à la Banque centrale européenne de racheter par création monétaire la dette grecque. Il s'agirait d’aider au redressement du pays par l’octroi de crédits à taux d’intérêt quasi nuls pour des projets de développements sociaux, humains et des investissements utiles, créateurs d’emplois, dans le cadre d’un fonds européen de développement humain, solidaire et écologique.

 

Les autorités européennes ont choisi la voie de l'étouffement qu'elles veulent généraliser sur tout le continent. Elles ont baptisé « mécanisme européen de stabilité » une sorte de banque dans laquelle les pays mettront, dans un premier temps, 500 milliards d’euros, dont 142 milliards par tranche pour la France. Il ne s'agira pas d'un fond d'entraide à disposition des états en difficulté. Comme pour la Grèce, l'argent ne sera éventuellement prêté à un pays que s'il s'impose des purges sociales aux effets pires que le remède proposé.

 

Ce « mécanisme européen de stabilité » est devenu un traité voté en catimini par l’Assemblée nationale mardi dernier. Il est indissociable du deuxième traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’union économique et monétaire (TSCG) qui, lui, oblige à réduire toutes les dépenses publiques et sociales sous peine de « sanctions européennes ». C'est celui-là qui impose d’inscrire dans la Constitution le principe de réduction des investissements publics, baptisé « règle d’or ». Les mots "chape de plomb" sur la vie quotidienne de chacun conviendraient beaucoup mieux. Tout pays qui refuserait d'obtempérer serait poursuivi devant la cour de justice européenne.

 

Président des riches reconverti la veille d'un scrutin en candidat du peuple, M. Sarkozy a signé deux traités qui vont faire beaucoup de mal aux peuples de l'Europe. L’article 5 du traité instituant « le mécanisme européen de stabilité », édicte noir sur blanc qu'ils sont inséparables: « Le présent traité et le traité TSCG sont complémentaires dans la promotion de la responsabilité budgétaire et de la solidarité au sein de l’Union »… et précise : « L’octroi d’une assistance financière dans le cadre de nouveaux programmes en vertu du MES sera conditionné… par la ratification du TSCG par l’état membre concerné… ». Une camisole de force est ainsi imposée à tous les européens. Les Grecs servant aujourd’hui de cobayes.

 

Les députés socialistes, dans leur majorité, ne sortent pas grandis par leur refus d'entendre l'appel unitaire du Front de Gauche à se rassembler pour s'opposer à un texte aux conséquences aussi lourdes pour le monde du travail et de la création. En s'abstenant mardi soir, ils ont envoyé un mauvais signal à toutes celles et ceux qui espèrent tant un changement de politique qui ne sera possible qu'en se dégageant d'orientations qui ont conduit l'Union européenne dans le mur.

 

Les prochaines échéances électorales donnent l'occasion aux électrices et électeurs, qu’ils soient socialistes, écologistes, communistes, progressistes, de modifier le rapport de forces en faveur d'une Europe de la solidarité qui refuse l'austérité. Sans attendre, ils peuvent se rassembler pour ensemble obtenir un grand débat national et un référendum sur ces textes si néfastes pour ceux qui n'ont que leur travail pour vivre et pour l'idée même de construction européenne. Plus le résultat de Jean-Luc Mélenchon sera élevé, plus le Front de gauche aura de députés aux prochaines législatives, meilleures seront les chances de la gauche et de l'écologie politique de l'emporter et, demain, de réussir une politique vraiment de gauche.