FINANCES PUBLIQUES. LA QUÊTE JUSQUE DANS L’HÉMICYCLE RÉGIONAL

Jeudi, 22 Novembre, 2018

L’influence des anciens de la Manif pour tous se renforce au sein du conseil régional d’Île-de-France. Sous influence, Valérie Pécresse met la main à la poche pour les satisfaire.

En 2018, accusée par la droite extrême de subventionner Solidays et, partant, le « lobby LGBT », Valérie Pécresse rassurait, dans les colonnes de Valeurs actuelles : « Je ne suis pas une femme sous influence idéologique. » Depuis, c’est à ceux-là, catholiques traditionalistes et tenants de la Manif pour tous, que la présidente LR de la région Île-de-France donne des preuves d’amour. Le vote d’un lot de subventions publiques, lors de la commission permanente du conseil régional qui s’est tenu hier, l’a une fois de plus démontré.

Deux structures référencées comme porteuses d’« initiatives qui disent non à l’IVG et proposent de l’aide aux femmes en détresse » ont été soutenues par la droite, dénonce dans un communiqué le groupe Front de gauche (PCF, République et socialisme) au conseil régional. La première, le Foyer El Paso, très proche des milieux catholiques les plus fondamentalistes, bénéficiera pour la première année de 25 000 euros de subventions publiques. La deuxième, la Maison de Marthe et Marie, recevra la même somme, pour la deuxième année consécutive et pour le même but. Et 200 000 euros de plus via une subvention à 3F Résidences, un groupe immobilier qui financera ainsi un « centre d’hébergement en colocation pour femmes enceintes en difficulté »… en collaboration avec Marthe et Marie. La charte de la laïcité, adoptée par l’assemblée régionale en mars 2017, est « foulée aux pieds », estiment les opposants à Valérie Pécresse.

« Famille, tradition et obscurantisme »

« Ce n’est plus la commission de la famille, de l’action sociale et du handicap, c’est “Famille, tradition et obscurantisme”. » Céline Malaisé, présidente du groupe Front de gauche, n’a pas mâché ses mots lors de cette séance. Au point que son homologue LR a pris la parole « pour la première fois » en défense de la proposition de subventions (pour près de 400 000 euros en tout, selon diverses sources) de ladite commission, présidée par Caroline Carmantrand, membre de Sens commun, regroupant des anciens de la Manif pour tous. L’élu « Républicain » qui appuyait sa demande, Othman Nasrou, est quant à lui proche de Bruno Retailleau, ex-bras droit de François Fillon. Élus LR, mais aussi UDI, de Sens commun et du Parti chrétien-démocrate (PCD) ont voté comme un seul homme. « Pécresse essaie de remobiliser toute la droite pour éviter les dissensions dans la majorité régionale », analyse Céline Malaisé. Au conseil régional, la chef de file de la droite régionale, qui se présente ailleurs comme une modérée en opposition avec le président de LR, Laurent Wauquiez, est obligée de flatter cette frange d’élus de la mouvance catholique radicale. Une nouvelle élue Sens commun vient d’ailleurs de faire son entrée. Entre ce mouvement et le PCD de Jean-Frédéric Poisson, « la mouvance catholique rétrograde et obscurantiste pèse de plus en plus lourd », estime Céline Malaisé.

Ce qui oblige Pécresse, poursuit l’élue PCF, à faire « la course avec Wauquiez pour savoir qui sera le plus réactionnaire et flattera le plus un électorat rance ». D’où son soutien à une autre opération, la Nuit du bien commun, qui sélectionne et aide des projets proches de la mouvance catholique traditionaliste : la fondation Espérance ruralités, déclinaison d’Espérance banlieues (lire notre édition du 11 novembre 2017), la Puy du Fou Académie ou l’association Laissez-les servir, qui inculque les valeurs militaires et chrétiennes aux jeunes de banlieue. On discerne tout de même une certaine « influence »…