Chronique parue dans Liberté Hebdo.

Oxfam est une confédération internationale de 17 organisations qui travaillent ensemble dans plus de 90 pays et qui se mobilisent contre la pauvreté dans le monde.

Dans son rapport annuel sur la pauvreté cette ONG a publié quelques données statistiques auxquelles décidément on ne pourra jamais s'habituer, c'est ainsi que l'on apprend que 62 personnes possédaient à elles seules en 2015 les mêmes richesses que 3,5 milliards de personnes, soit la moitié la plus pauvre de l'humanité, de manière plus imagée on pourrait loger dans un seul bus, confortable si possible, les détenteurs de 50 % de la richesse du monde !

La fortune de ces gens a augmenté de 44 % entre 2010 et 2015 pour s'établir à 1760 milliards de dollars. Parallèlement les richesses de la moitié la plus pauvre de l'humanité ont diminué de plus de 1000 milliards de dollars au cours de la même période soit une chute de 41 %. Les 1 % les plus riches possèdent désormais davantage que les 99 % restants.

L'évasion fiscale, que nous ne perdons jamais de vue, représente 7600 milliards de dollars, soit plus que le PIB cumulé de l'Allemagne et du Royaume-Uni.

Ces sujets commencent à inquiéter y compris dans les milieux les plus libéraux de l'économie mondiale et on commence à entendre ici et là dans la bouche de commentateurs « raisonnables » comme Jean-Marc Sylvestre ou François Lenglet des paroles qui surprennent lorsqu'ils disent que « les inégalités sont les meilleures ennemies de la croissance ». Fichtre, ils ne nous ont pas habitués à ce genre de propos !

Alors chacun se dit que lors du dernier sommet économique mondial, tenu comme chaque année fin janvier dans cette luxueuse station de ski helvétique Davos, ces sujets furent sans doute évoqués. Pas vraiment, on eut droit à ce commentaire du patron du Crédit suisse, Monsieur Tidjane Thiam : « Janvier 2016 a été le pire mois boursier de l'histoire ».

Et puis il fut aussi question de la 4e révolution industrielle qui va entraîner d'ici à 2020 la disparition de 5 millions d'emplois et bien sûr « L'homme va devoir s'adapter à ces changements », disait-on à Davos en sirotant un verre de Veuve Clicquot Ponsardin…

En rapprochant ces deux idées, Oxfam et Davos on se prend à rêver à un autre monde, car au fond ces changements « inéluctables » sont bien décidés par les 1 % de tout à l'heure, donc tout cet argent et une autre volonté des hommes et des femmes on imagine un monde débarrassé des inégalités et où on adapterait la société aux besoins de l'humanité... et pas l'inverse.

Billet original sur Senat Groupe CRC